Thomas Cook en faillite et rapatriement des touristes : quelles sont les répercussions économiques ?
La faillite lundi du voyagiste Thomas Cook a déclenché une immense opération de rapatriement pour ses 150 000 clients britanniques en vacances. Plus incertain, le sort des 450 000 autres se joue entre plusieurs pays et filiales du groupe, voire d’autres voyagistes qui jouent la solidarité.
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Un plan d’urgence baptisé « Opération Matterhorn », du nom d’une campagne de bombardement lors de la Seconde Guerre mondiale, vient d’être activé avec des avions mis à disposition par l’Autorité britannique de l’aviation civile (CAA). « En raison de l’ampleur de la situation, certaines perturbations sont inévitables (…) Thomas Cook a cessé ses activités et tous les vols Thomas Cook sont maintenant annulés », a prévenu la CAA. Coût estimé, selon le gouvernement britannique : quelque 113 millions d’euros.
Thomas Cook France pour le moment pas en faillite
Pour les quelques 10 000 Français concernés, un numéro d’urgence (01.45.05.40.81) a été mis en place. Thomas Cook France préconise à ses 80 000 clients ayant réservé un séjour ou devant voyager dans les prochains jours de ne pas prendre le départ afin « d’éviter davantage de difficultés ».
La filiale française du groupe n’a pas encore été déclarée en cessation de paiements et ne se trouve donc pas dans le cas d’une « insolvabilité immédiate ». Mais « dans le cas d’une déclaration de cessation des paiements de Thomas Cook France », l’Association professionnelle de solidarité du tourisme (APST) indique lundi dans un communiqué qu’elle devra « sécuriser le retour des vacanciers qui sont actuellement à l’étranger ».
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L’APST gère un fonds de garantie collective abondé par les cotisations annuelles de ses 3700 adhérents, dont Thomas Cook France. Elle se substitue à ces entreprises en cas de défaillance financière pour assurer malgré tout le retour de clients se trouvant à l’étranger ou le dédommagement de ceux qui ne pourront partir. La caisse de garantie des agences de voyage précise que ses services « sécuriseront le retour des clients directs des agences Thomas Cook France », qui sont au nombre de quelque 180 sur le territoire français.
Elle « estime dans un premier temps le coût éventuel de retour de ces clients directs à environ 5 millions d’euros » et rappelle qu’elle dispose actuellement « à ce jour de réserves globales d’environ 40 millions d’euros ». En revanche, pour les vacanciers qui sont passés par une agence de voyage partenaire ou franchisée de Thomas Cook (au nombre de 250), leur retour « sera pris en charge par cette dernière ».
Les destinations fortement impactées
La Grèce faisait partie du top trois des destinations de Thomas Cook : près de 50 000 voyageurs y séjournent en ce moment, dont 22 000 se trouvent en Crète.
Le rapatriement des touristes étrangers a commencé et devrait s’étaler sur trois jours, a précisé le ministre du Tourisme Haris Theocharis. Un centre opérationnel a été mis en place au ministère pour gérer toutes les questions de rapatriement et quinze premiers avions sont arrivés sur les îles de Zakynthos, Corfou et Kos. Le ministre a fait part de ses inquiétudes pour l’avenir économique de la Crète, dans la mesure où le voyagiste était sous contrat avec 70% des établissements hôteliers de l’île.
En Espagne, 30 000 touristes sont encore dans les îles Canaries, et plusieurs milliers de voyageurs patientent déjà dans les halls des aéroports des Baléares, sur les îles de Majorque et de Minorque. Les vols ont pris du retard et les passagers prennent leur mal en patience.
Des touristes bloqués à Majorque après la faillite de Thomas Cook #AFP pic.twitter.com/3UmdbHGAnN
— Agence France-Presse (@afpfr) September 23, 2019
Eviter les dérapages
Environ 4500 touristes attendent leur rapatriement depuis la Tunisie. Ce week-end à Hammamet, des touristes ont été retenus dans l’enceinte de leur résidence hôtelière et se sont vus réclamer le paiement de factures non acquittées par le voyagiste. Et la situation semble se renouveler dans d’autres établissements ce lundi.
People are being refused food in Marhaba Beach, Tunisia because @ThomasCookUK haven’t paid the bill. Luggage has been confiscated and can not leave the hotel.
Security starting to get hostile.
Updates to follow.@SkyNews @leaderlive people need to know what is happening!!
— type1tom (@type1tom) September 23, 2019
Une cellule de crise a été activée dimanche, afin de répondre aux inquiétudes des voyageurs et des hôtels. Pour éviter ce genre de dérapage, le ministère du Tourisme en Turquie a annoncé que de telles pratiques feraient l’objet de poursuites.
Turkish Culture and Tourism Ministry warns hotels in Turkey: If you demand payments from tourists or evict them from their hotel rooms due to #ThomasCookCollapse, you will be prosecuted. https://t.co/TQExCGbZ27
— Yunus Emre Oruç (@defusertt) September 23, 2019
Plus de 20 000 clients de Thomas Cook séjournent à Turquie. Le ministère a annoncé lundi qu’il mettrait en place « au plus vite » un programme de crédits pour venir en aide aux entreprises locales affectées par la faillite brutale du voyagiste.
Selon les premières estimations, les pertes attendues pour les hôtels chypriotes devraient dépasser 60 millions d’euros. Chaque année, de nombreux hôtels établissent des partenariats avec des agences de voyage et certains ont choisi Thomas Cook comme partenaire exclusif. Dans l’ensemble, le représentant des professionnels du Tourisme à Chypre estime que le voyagiste rapportait à Chypre environ 7 à 8% du nombre total de touristes (150 000). Le président de PASYXE, Haris Loizidis, a déclaré à Kathimerini que l’industrie du tourisme serait touchée non seulement cette année, mais également en 2020, puisque les contrats signés pour l’année prochaine sont désormais caduques.
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