Vacances d'été

« Pacific Criminal », le quotidien d’une brigade de police dans les îles€ €

Par Roger Viret , le mars 10, 2023 - 7 minutes de lecture

Unifrance : Comment vous est venue l’idée de cette série policière se déroulant à La Réunion ?

Bertrand CohenBertrand Cohen : L’idée principale était de montrer des enquêtes très divertissantes, situées dans un cadre magnifique, celui de La Réunion. Concernant l’écriture, l’une des particularités de la série est que les intrigues s’étalent sur deux épisodes de 52 minutes, ce qui laisse le temps à la comédie, à la romance, et aussi de se plonger dans l’intimité de cette brigade policière. Une équipe de sept scénaristes travaille sur les scénarios. Ce sont principalement des auteurs de polars, mais aussi des auteurs qui ont fait autre chose, ce qui permet un mélange d’influences. De plus, chaque année on essaie d’apporter un peu plus d’humour aux scripts.

En quoi Pacific Criminal diffère-t-il des autres séries policières, en termes de personnages, de monde qu’il décrit ou d’intrigue ?

BC : Dans Pacific Criminal, on suit un groupe de quatre enquêteurs, d’âges et d’origines ethniques variés, ce qui crée une ambiance dynamique. Il y a de jeunes personnages dans la vingtaine et d’autres dans la cinquantaine. Une femme est à la tête du groupe. Elle a une forte personnalité et une vie privée que la série met à profit. La série explore les relations entre les personnages : dans la saison 4, par exemple, on suit la romance entre une nouvelle recrue et le médecin légiste, dans toutes ses subtilités. D’ailleurs, de nouveaux personnages, très jeunes, 19-20 ans, font leur apparition dans les saisons 4 et 5 : ils apportent humour, effervescence, et surtout fraîcheur et modernité. De plus, la série et ses personnages abordent une véritable diversité de sujets.

Il y a une forte intégration locale, comment avez-vous choisi La Réunion ?

BC : La première saison a été tournée en Nouvelle-Calédonie et diffusée sur France Ô : ça a très bien marché dès le départ, tant sur la chaîne que sur France.tv. Pendant la crise du Covid, le Pacifique Sud était totalement confiné, il a donc fallu trouver une autre solution. Nous avions déjà tourné une série à La Réunion, intégrant un volet formation, en recrutant des stagiaires sur place : tout s’est très bien passé et la confiance s’était installée, ils ont donc accepté de nous accueillir à nouveau. De plus, la subvention accordée par La Réunion a largement soutenu la production.

Comment ce décor contribue-t-il à la richesse et au succès de la série ?

BC : La Réunion offre tellement de possibilités et d’univers qu’on n’a jamais l’impression de tourner en rond. Il y a tellement d’histoires à raconter. Cette année, par exemple, un épisode se déroule dans une vanilleraie. Certains épisodes se déroulent dans un hôtel qui n’a jamais servi de décor à la série auparavant. Les clubs sportifs sont également explorés, ainsi que le beach-volley. Ce qui est également remarquable, c’est que « Local is global »: plus l’intrigue est locale, plus elle est globale.
Au sein de l’équipe, plusieurs scénaristes sont réunionnais, ainsi qu’un des réalisateurs, ce qui permet de bien refléter la société locale et de proposer une vision juste de la réalité locale. De plus, le casting, hétéroclite, ressemble à ce qu’est La Réunion : différentes ethnies cohabitent paisiblement. Il convient de noter que la richesse ou la réussite sociale des populations locales n’est pas liée à leur origine ethnique.
La série fait appel à 85% à des techniciens locaux, qui travaillent sur la série depuis sept ans. De plus, la production dispense des formations sur place pour permettre aux jeunes réunionnais d’accéder aux métiers de l’audiovisuel. Nous emmenons 20 stagiaires sur le tournage. Ils trouvent alors très facilement du travail sur place grâce à l’expérience acquise auprès de nos équipes. Tout le monde est content d’être là et d’aider les autres.

Quelle a été la réaction depuis la diffusion de la série sur France 3 ?

BC : La saison 3 a été diffusée sur France 3 cet été. Ainsi, France 3 a créé un rendez-vous annuel de jour tout l’été. Et les épisodes en prime time ont ensuite été diffusés à l’automne.
En replay, Pacific Criminal est le troisième programme le plus regardé de toutes les chaînes de France Télévisions ! Il est troisième après Plus belle la vie, alors que ce dernier est bien plus présent sur France Télévisions. C’est un vrai gage de succès.

Quels sont les principaux aspects de la série pour se connecter avec un public international ?

Marie-Laure HébrardMarie-Laure Hébrard : En plus d’être une série dont les intrigues sont bien construites et très intéressantes, le temps qu’elle consacre à l’humour et à la romance permet de s’attacher aux différents personnages ; les téléspectateurs veulent en savoir plus. La série fait rêver : elle montre des décors singuliers et originaux, elle est tournée dans une belle lumière naturelle très douce. Les spectateurs ont la possibilité de s’évader mentalement et de se détendre. Cette série tournée dans des décors exotiques leur permet de voyager depuis leur salon et éventuellement d’y planifier leurs prochaines vacances. Le public a la possibilité de se familiariser avec les personnages dont nous suivons la vie privée et les enquêtes. Les personnages deviennent presque des amis pour le spectateur.
Enfin, le fait qu’il y ait un grand nombre d’épisodes permet aux diffuseurs de conserver sans problème une audience en journée.

Vous avez déjà réalisé de bonnes ventes à l’international, pouvez-vous nous en parler ? Avez-vous des premiers retours de votre public ?

MLH : A ce jour, nous avons 94 épisodes disponibles : c’est formidable pour les diffuseurs internationaux, qui ont la possibilité de fidéliser leur public en programmant la série au quotidien et de pouvoir la diffuser pendant environ 20 semaines. De plus, la série est un vrai succès en termes d’audience : nous avons d’excellents retours de l’Espagne où la série a été diffusée sur l’une des chaînes Antena 3. Les notes y sont excellentes.
Les ventes sont déjà finalisées sur plusieurs territoires : aux Etats-Unis (plateformes MHZ et Lingopie), en Espagne (une des chaînes d’Antena 3), en Europe de l’Est (chaînes TVN et LNK), mais aussi en Afrique et aux Seychelles (chaîne SBC). Nous attendons également une proposition du Portugal.
Suite au Rendez-Vous d’Unifrance à Biarritz, la Belgique a confirmé son intérêt pour la série et l’a achetée pour une diffusion en 2023. Elle sera probablement programmée à l’automne.
Enfin, une vente plus atypique a été réalisée auprès d’une plateforme qui enseigne le français aux USA, Lingopie, qui a aimé que la série penche vers un public plus jeune.

Quelles sont vos ambitions pour le futur ?

MLH : Les ventes internationales ne font que commencer. Avoir 94 épisodes générera plus d’intérêt. Je pense que l’Italie va bientôt acquérir la série. Je suis également sûr que d’autres territoires d’Europe de l’Est l’achèteront bientôt. Il pourrait aussi y avoir un intérêt du Canada, qui s’intéresse de plus en plus à la fiction francophone, et certainement de l’Amérique latine, qui diffuse déjà avec succès notre série Meurtre à.

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Latest update : 09 March 2023 à 14:49 CET


Roger Viret