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Ouragan Dorian : les Bahamas dans la tourmente

Par Roger Viret , le septembre 3, 2019 - 5 minutes de lecture

Il faudra sans doute des jours, voire des semaines, pour mesurer précisément l’ampleur du désastre causé par l’ouragan Dorian sur le nord des Bahamas. Lundi soir, heure de Paris, seul un mort avait été confirmé par les autorités de l’archipel caribéen. Mais les rares images, vidéos et témoignages parvenus en particulier des îles Abacos et de Grand Bahama, les plus directement touchées, laissent présager du pire, au moins sur le plan matériel. «Sur la base d’informations en provenance des Abacos, la dévastation est sans précédent», a tweeté lundi après-midi, sans plus de détails, le Premier ministre bahaméen, Hubert Minnis.

Pluies torrentielles et rafales de vent

Les destructions s’annoncent d’autant plus conséquentes que pendant toute la journée de lundi, Dorian, qui a égalé le record (datant de 1935) de l’ouragan le plus puissant de l’Atlantique à avoir touché terre, a pilonné la région en position quasi stationnaire, se déplaçant à une vitesse infime de 2 km/h.

Freeport, la principale ville de Grand Bahama, 27 000 habitants, est ainsi resté coincé pendant plusieurs heures dans le mur de l’œil du cyclone, subissant des pluies torrentielles et des rafales de vent de plus de 320 km/h. Rétrogradé en catégorie 4 vers 17 heures lundi, Dorian sera resté pendant plus de vingt-quatre heures au niveau 5, le plus élevé sur l’échelle de Saffir-Simpson. Dans ses bulletins d’information successifs, le Centre national des ouragans américain (NHC) avait insisté, dès ce week-end, sur la puissance et la menace de Dorian, phénomène «catastrophique» s’accompagnant notamment d’un risque «d’inondations mortelles».

Selon les prévisions du NHC, Dorian devait déverser sur le nord-ouest des Bahamas jusqu’à 75 cm de pluie et provoquer une hausse du niveau de la mer pouvant aller jusqu’à 7 mètres. Des vidéos publiées lundi sur les réseaux sociaux, alors que la tempête faisait encore rage, montraient des voitures emportées par les flots et des palmiers presque entièrement recouverts par les eaux à Freeport. Le ministre de l’Agriculture a publié une vidéo tournée à l’intérieur de sa maison : on y voit l’eau au niveau de la fenêtre de sa cuisine, «située au minimum à 6 mètres du sol».

Dans la journée, deux médias locaux des Bahamas avaient fait état d’une première victime, un garçon de 7 ou 8 ans mort noyé sur les îles Abacos. Interrogée par Eyewitness News, sa grand-mère a également indiqué que la sœur du garçonnet était portée disparue. Dans la soirée, on ignorait toujours s’il s’agissait du décès confirmé par les autorités. Dans une courte intervention vidéo diffusée par la télévision nationale, le ministre bahaméen des Affaires étrangères, Darren Henfield, avait indiqué que des victimes mortelles avaient été signalées dans les Abacos. «Nous ne pouvons pas confirmer ces informations tant que nous ne serons pas allés sur place», a-t-il ajouté.

«Partez maintenant !»

Selon les dernières projections du NHC, Dorian, malgré un «affaiblissement graduel», devrait rester «un puissant ouragan» au moins jusqu’à mercredi. Après s’être lentement déplacé vers l’ouest dans la nuit de lundi à mardi, laissant enfin derrière lui les Bahamas, l’œil de l’ouragan devrait progressivement virer vers le Nord, évitant ainsi un contact direct – et potentiellement dévastateur – avec la Floride.

Toutefois, souligne le NHC, «l’ouragan va dangereusement se rapprocher de la côte Est de la Floride jusqu’à mercredi soir» avant de remonter au large de la Géorgie et de la Caroline du Sud. Une évolution de la trajectoire n’étant pas exclue, et le risque d’inondations étant très élevé, les Etats concernés ont ordonné l’évacuation dans de nombreux comtés côtiers. Plus d’un million de personnes sont concernées en Caroline du Sud et Géorgie. Selon la Croix-Rouge américaine, 19 millions de personnes résident dans des zones qui pourraient être affectées.

En Floride, Etat le plus menacé, le gouverneur Ron DeSantis a annoncé lundi la fermeture de 5 ports, dont celui de Miami. Plus de 70 maisons de retraite ont été évacuées le long des côtes et plusieurs hôpitaux ont déplacé les patients les plus fragiles. A la mi-journée lundi, plus d’un millier de vols avaient déjà été annulés aux Etats-Unis, dont une majorité à destination ou en provenance de la Floride. Les aéroports de Fort Lauderdale, Orlando et Palm Beach ont interrompu leurs opérations à midi, heure locale. «Si vous êtes dans une zone d’évacuation, partez maintenant ! a martelé le sénateur de Floride, Rick Scott. N’oubliez pas que nous pouvons reconstruire vos maisons mais pas votre vie.»

Frédéric Autran


Roger Viret

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