Vacances d'été

Les 25 meilleures séries comiques (de tous les temps)

Par Roger Viret , le octobre 29, 2019 - 14 minutes de lecture

25 - Spin City (créé par Gary David Goldberg et Bill Lawrence, 1996 - 2002)

Et si c'était elle la grande série politique américaine plutôt qu'A la Masion Blanche ? Spin City, où l'on suit les mésaventures du cabinet du maire de New York, a connu deux phases. Celle avec Michael J. Fox et celle avec Charlie Sheen (notre préférence allant à ce dernier). Pas la plus fine dans ses ressorts comiques, la sitcom doit beaucoup à la loufoquerie de ses seconds rôles, au premier rang desquels les sensationnels Barry Bostwick, qui joue l'édile, et Richard Kind, attaché de presse foireux de ce dernier :

24 - H ( créé par Xavier Matthieu, Kader Aoun, Eric Judor, 1998-2002)

GQ a déjà dit son amour pour H, série hospitalière hilarante de débilité, aux scénarios tirés par les cheveux et aux personnages crétins et/ou manipulateurs. Tout réside dans les interactions souvent improvisées entre Eric Judor (Aimé), Jamel Debbouze (Jamel), Ramzy Bedia (Sabri), mais aussi Sophie Mounicot (Clara) et l’incroyable Jean-Luc Bideau (Dr Strauss). Comme dans Seinfeld, on a ici beaucoup de mensonges et de faiblesse, mais ils sont agrémentés d’un joyeux esprit régressif et de déformations linguistiques d’une lumineuse stupidité.

23 - Muscleman (créé par Yudetamago, 1983 - 1986)

Catcheur japonais , président du club des mangeurs de viande, héros apprécié des personnes âgées, Muscleman est un prince héritier abandonné par erreur, un gros mangeur d’ail et un pétomane d’une grande laideur. Il fait aussi des bulles de morves. En dehors d’un ring il a peur de tout et se plaint. Bref, un personnage de manga d’une grande finesse.

22 - The Office, version américaine (créé par Greg Daniels, 2005-2013)

Certains ne jurent que par la version anglaise, l’originale, avec Ricky Gervais, mais à GQ c’est l’adaptation américaine par Steve Carrell qui remporte nos faveurs. Évidemment, parce que Steve Carrell, d’abord, donne à son personnage de directeur régional d’une société de papier une dimension à la fois plus attachante et plus malaisante, comme on dit au Québec. Mais aussi parce que la série a introduit au grand public une forme d’humour déceptif, presque à contretemps, qui deviendrait au fil des années une des principales écoles de la drôlerie du XXIe siècle.

21 - Dream On (créé par David Crane et Marta Kauffman, 1990 - 1996)

Dingue de chez dingue ! La petite série oubliée des 90’s qui passait très discrètement sur Canal Jimmy n’est autre qu’une création originale du duo à qui l’on doit Friends. Dream On, explore la vie très décousue d’un Don Juan quadra farfelu qui se fait (littéralement) film sur film. Ses fantasmes, ses désirs, ses émotions comme ses contrariétés déclenchent de fait des flashs en forme d’extraits de scènes de séries anciennes. Malheur à lui, le monde des adultes n’est pas toujours à la hauteur de ses espérances.

20 - Fais pas ci fais pas ça (créé par Anne Giafferi et Thierry Bizot, 2007 - ...)

Soyons honnêtes: en décidant de confronter une famille de bobos recomposée (Les Boulet) à une autre catho tradi (Les Lepic), les auteurs de Fais-pas ci fais pas ça n'ont pas pris énormément de risques : les ressors comiques paraissaient assez évidents et les gags potentiels suffisamment nombreux pour être déclinés sur plusieurs saisons. Mais la série a surpris tout le monde par son écriture remarquable et les acteurs (Guillaume De Tonquedec, Bruno Salomone, Valery Bonnetton) se sont rapidement révélés brillants. La preuve, cela fait près de 10 ans que nous assistons aux coups de coeurs et aux coups de gueule de ces clans "que tout oppose", et 10 ans que nous avons envie de rentrer dans le cercle.

19 - Malcolm (créé par Linwood Boomer, 2000 - 2006)

Ne cherchez pas, vous ne trouverez aucune vanne dans Malcolm. Aucun gag à proprement parler non plus. C'est pourtant l'une des séries les plus drôles de ces dernières années. Pourquoi? Parce que chaque téléspectateur trouve dans cette famille un peu dingue quelque chose qui l'amuse. Certains rient donc devant la bêtise de Reese, d'autres devant le mal-être de Malcolm. Il y a aussi les fans de Hal, le père loser, et ceux qui se bidonnent devant les névroses de Loïs. Et le pire, que ça peut changer avec les années.

18 - Bored to Death (créé par Jonathan Ames, 2009 - 2011)

Archétype de la série comique indie-bobo, Bored to Death suit entre Manhattan et Brooklyn les aventures de Jonathan Ames, jeune écrivain reconverti détective privé (Jason Schwartzman) et deux de ses amis, le rédacteur en chef d'une revue rivale de GQ (prodigieux Ted Danson) et un dessinateur de super-héros déviants (Zack Galifianakis). Entre filatures tordues, galères amoureuses, et séances de fumette, Bored to Death atteint des sommets de drôlerie dépressive grâce à la complémentarité de son trio de losers stylés. Et on y apprend comment se débarrasser d'un herpès dans une situation d'urgence :

17 - Sex and The City (créé par Darren Star, 1998 - 2004)

Tout homme qui s'est retrouvé un jour devant Sex and the city vous dira la même chose : Carry Bradshaw, l'héroïne fleur bleue qui vit dans un appart' à Chelsea en pigeant pour quelques magazines hype, apparait rapidement insupportable. Mais il faut bien reconnaitre qu'elle fédère autour d'elle toute une galerie de personnages weirdos - copines (l'exceptionnelle Miranda), compagnons officiels, coups d'un soir, agents... - qui apporte à cette série à priori girly une dimension comique redoutable. Comme lorsque "Big", le mec hyper froid de Carry, planque un coussin péteur sur sa chaise et se bidonne pendant dix bonnes minutes lorsqu'elle s'assied dessus. Du génie.

16 - Kaamelott (créé par Alexandre Astier, 2005 - 2009)

Et si la légende du roi Arthur était l’œuvre quasi involontaire d’une bande d’incapables et de pue-du-bec ? À mi-chemin entre le Sacré Graal des Monthys Pythons, Les Visiteurs et Dumb & Dumber, Kamelott nous rappelle à chaque épisode à quel point bêtise profonde et imagination sont connectées.

15 - 30 Rock (créé par Tina Fey, 2006 - 2013)

Une des sitcoms phares des années 2000. Créée par Tina Fey, 30 Rock se déroule dans les coulisses de la chaîne NBC, autour d'une émission fictive dont le tournage est systématiquement malmené par les caprices d'une star excentrique sur le retour (Tracy Morgan) et l'interventionnisme bouffon d'un patron lunatique interprété avec brio par Alec Baldwyn. La meilleure satire de la télévision américaine marque de fait la renaissance de l'acteur, qui avait disparu des radars hollywoodiens et qui a su se réinventer en misant enfin sur son potentiel comique illimité. "Tu préfères la pizza froide à la pizza chaude ???" :

14 - Mister Bean (créé par Rowan Atkinson et Richard Curtis, 1990 - 1995)

Tout est laid dans la série de Rowan Atkinson et Richard Curtis. Le héros est un vieux garçon répugnant, qui vit à Highbury dans un appart glauque avec un ourson (Teddy) bien flippant. Il ne parle pas mais "grommelle", n'a strictement aucun ami et roule dans une Austin Mini... jaune moutarde. Sur papier, Mister Bean donne vraiment envie de se foutre en l'air. Alors comment expliquer le succès phénoménal du feuilleton ? Tout simplement parce que les créateurs n'ont jamais cherché à rendre ce personnage attachant, ce qui permet de lui faire faire, entre deux gags burlesques, des choses terriblement géniales, comme voler un enfant ou se moquer des pauvres.

13 - Palace (créé par Jean-Michel Ribes, 1988)

Au cas où vous l’ignoriez, un palace est autant un nid à crétins, à ordures, snobs et alcooliques qu’un Formule 1. Ici c’est la pompe à la française qui est visée et détournée. Avec un casting qui rassemble les plus grands acteurs comiques (de l’époque), des hommes en smoking et des femmes en robes de gala n’en finissent jamais de dire des énormités. Mentions spéciales à Jean Carmet et ses brèves de comptoir et à la toute jeune Valérie Lemercier et ses leçons particulières de maintien.

12 - Californication (créé par Tom Kapinos, 2007 - 2014)

Hank Moody, l'écrivain destroy qui traine sa peine dans les rues de Venice Beach entre deux parties de jambes en l'air, est clairement l'un des héros de série les plus stylés. Mais son agent chauve Runkle (joué par le génialissime Evan Handler) est certainement l'un des plus drôles. Sa descente aux enfers (qui commence véritablement lorsqu'il se fait filmer en train de se masturber dans son bureau) offre des scènes mythiques (on ne se remet toujours pas de cet épisode dans lequel il vend des BMW en banlieue après avoir mis toutes ses économies dans la production d'un porno amateur foireux). "Mother fucker"!

11 - À la recherche de divers aspects du monde contemporain (créé par Édouard Baer et Ariel Wizman, 1996-1999)

Programme mensuel diffusé sur Canal +, À la recherche… n’était pas tout à fait une série classique, mais plutôt une collection d’émissions parodiques. Enquêtes façon M6 sur Courchevel ou le 16e arrondissement de Paris, fictions en roue libre au Bénin ou dans le Sud de la France, émission pseudo-branchées (“Le Brunch”, “Matin Pratique”)… Baer, Wizman et leurs camarades de jeu cultivèrent pendant trois ans un comique insituable et branlant, difficilement imaginable aujourd’hui à la télévision.

10 - Parks and Recreation (créé par Greg Daniels et Michael Schur, 2009 - 2015)

Les créateurs américains de The Office quittent le privé pour rejoindre la fonction publique. Parks and Recreation suit le quotidien des employés du département parcs et loisirs d'une petite ville de l'Indiana. Si la série a réussi à installer ce petit monde pas très sexy dans le temps, c'est peut-être grâce à sa manière de s'attaquer à la politique par l'absurde. Bien mené par la merveilleuse Amy Poehler, Parks and Recreation peut se targuer d'avoir révélé Chris Pratt, lancé Aziz Ansari (créateur de Master of None), et engendré un personnage de légende, le très moustachu Ron Swanson (Nick Offerman) :

9 - Extras (créé par Ricky Gervais et Stephen Merchant, 2005 - 2006)

Cette série méconnue du créateur de The Office n'a connu que deux saisons mais quelles saisons ! On y suit les aventures de deux aspirants acteurs qui enchaînent les rôles de figurants sur des tournages foireux. Outre les guests prestigieux qui viennent se tourner en dérision, la série a l'humour féroce et sans filet de son créateur comme dans cet extrait où Gervais fait passer un test à sa collègue pour déterminer si elle est raciste. Imparable.

8 - Wet Hot American Summer (créé par David Wain et Michael Shoewalter, 2015)

Préquel d'un film de 2001, Wet Hot American Summer raconte le premier jour d'une colonie pas comme les autres. Porté par un casting all-star de quadra qui jouent des ados (Paul Rudd, Amy Poehler, Bradley Cooper...), la série fait délibérément le choix de l'excès, du mauvais goût et de la bonne humeur : c'est Paul Rudd qui drague une collègue en lui envoyant un pet au visage, ou une mono qui s'empresse de retirer son diaphragme pour dépanner une nouvelle venue.

7 - Itchy et Scratchy (créé par Matt Groening)Décidément, nous n’avons p
as du tout envie de parler des Simpsons, sûrement parce que d’autres l’ont déjà fait beaucoup mieux que nous. En revanche, nous tenons à citer parmi nos séries préférées une série dans la série, le fameux "Itchy & Scratchy Show" que regardent régulièrement Bart et Lisa en s’esclaffant. Pas de dialogues, juste une souris qui passe son temps à détruire un chat, en prenant des mines démoniaques. Rappelons au passage que Matt Groening, en bon érudit de la pop culture underground, s’est inspiré sans s’en cacher de la BD italienne Squeak The Mouse de Massimo Mattioli.

6 - Seinfeld (créé par Jerry Seinfeld et Larry David, 1989-1998)

Succès commercial et critique d’une ampleur exceptionnelle (38 millions de téléspectateurs aux Etats-Unis pour le dernier épisode, mais aussi les sommets des classements des meilleures séries de tous les temps régulièrement proposés dans la presse), Seinfeld suivait le quotidien à la fois banal et mouvementé de quatre trentenaires new-yorkais névrosés, souvent égoïstes, faibles, menteurs ou dénués de lucidité sur eux-mêmes. Des personnages qui ne s’améliorent jamais et dont les défauts provoquent des situations hilarantes : c’est le secret du comique si véridique de cette série-culte.

5 - Louie (créé par Louie C.K., 2005 - ...)

Au début, Louie, diffusée sur FX depuis juin 2010, c’était Seinfeld en plus hardcore. Un type qui raconte sa vie entre deux vannes mordantes. Puis, Louis C.K. a pris des libertés: épisodes sous Xanax, poésie urbaine en noir et blanc, digression surréaliste sur les affres du show-biz avec David Lynch en guest star… Déconstruisant les codes de la sitcom au gré de ses humeurs, il autorise Louie à être une comédie souvent très drôle, parfois franchement plombante. Mais ce qu’on perdra en grosse rigolade, on le rattrapera toujours en humour plus complexe, celui d’un type trash en surface, mais foncièrement humaniste.

4 - Curb Your Enthusiasm (créé par Larry David, 2000-2011)

Mieux que Seinfeld : une série sur le quotidien banal mais étrangement mouvementé de Larry David, co-créateur de Seinfeld, installé dans sa vraie vie à Los Angeles, un monde policé dont il refuse de comprendre les codes. Souvent lent et à peine mise en scène, la série fonctionne sur le moyen terme : on devine peu à peu les pièges qui se referment sur Larry, on anticipe ses réactions et on rigole toujours de l’énergie mise par les autres à s’indigner de son comportement finalement sincère et juste. L’incroyable scène du petit garçon “pré-gay” et amateur de croix gammées reste un classique de l’histoire des séries.

3 - South Park (créé Trey Parker et Matt Stone, 1996 -…)

On ne s’excusera pas de préférer South Park aux Simpsons, et on soulignera leur plus grand point commun : une longévité fort inattendue. Cartman, Stan, Kyle et Kenny en sont à leur vingtième saison et continuent de démonter tout le monde, qu’il s’agisse de Donald Trump, des progressistes, des parents, des obèses, bref, ils accomplissent une mission cathartique d’ordre public : remettre en place les gens convaincus qu’ils doivent imposer leur esprit de sérieux au monde entier.

2 - Platane (créée par Eric Judor et Hafid F. Benamar, 2011 -...)

Après une année passée dans le coma, Eric Judor est à la ramasse complète. Pour revenir au top et prouver à Ramzy qu’il est le plus fort, il se lance dans des défis stupides et des magouilles absurdes qui le grillent chaque jour un peu plus. D’usines à gaz en châteaux en Espagne, Eric Judor incarne un brillant crétin et redore le blason de l’humour français. Une saison 3 est prévue en 2020.

1 - Friends (créé par Marta Kauffman et David Crane, 1994 - 2004)

Si on parle toujours autant de Friends 15 ans après la fin de la série - un sujet en moyenne par mois - c'est pour une raison très simple. Les six trentenaires new-yorkais amateurs de capuccinos et de chemises trop larges n'ont jamais connu de véritables héritiers depuis (ne nous parlez surtout pas des geeks de The Big Bang Theory, ou, pire, de HIMYM). Parce que s'ils ont fait hurler de rire une bonne partie de la planète avec leurs histoires pathétiques, Ross "the red", Chandler "Muriel" Bing ou encore Phoebe "Regina Phalange" Buffay, losers magnifiques aux gimmicks inoubliables, n'ont surtout jamais vraiment quitté la vie de ceux qui les ont suivis jusqu'au bout. Demandez à votre voisin de table d'imiter le bruit du fouet : il y a une chance sur deux pour qu'il vous réponde "Wah-pah!"


Roger Viret