Le Brexit augure-t-il la fin des séjours britanniques en Europe ?
Alors que la sortie de l’UE a été reportée au 31 octobre prochain, et qu’un nouveau premier ministre britannique est arrivé au pouvoir, quelles conséquences pour les destinations européennes le Brexit laisse-t-il envisager ?
Le tourisme européen, grand perdant du Brexit ?
Atout France a récemment observé un “recul de la clientèle britannique », celle-ci a en effet été devancée par la clientèle en provenance de la Belgique au printemps dernier. De l’autre côté, d’autres destinations commencent déjà à être privilégiées, au détriment de l’Europe : l’exemple de la Turquie qui a raflé la deuxième place à la Grèce, selon Thomas Cook, au classement des destinations privilégiées par les britanniques.
Le voyagiste confirme un changement de comportement des vacanciers britanniques, ces derniers préférant choisir des pays ensoleillés en dehors de l’UE cet été. Ainsi 48% des réservations de séjours (forfaits) de Thomas Cook de leur clientèle britannique se sont portées sur des destinations hors UE, un résultat qui est en hausse de +10 points par rapport à l’an dernier.
La Turquie, par exemple, représentait un quart des réservations de vols de Thomas Cook Airlines en avril dernier. Mais la destination est loin d’être la seule à profiter de ce contexte régional houleux. La Tunisie aussi surfe sur la vague. Ainsi les réservations de forfaits pour le pays ont doublé par rapport à l’année dernière, et les réservations de vols secs ont même quadruplé.
Will Waggott, chef de l’exploitation touristique de Thomas Cook, déclare en conséquence :
Le Holiday Report 2019 de Thomas Cook révèle que la tourmente politique a un impact sur d’autres plans, se manifestant par une nette réorientation vers les pays non membres de l’UE et une croissance de l’inclusion totale. La Turquie a déjà dépassé la Grèce pour se hisser au deuxième rang des destinations estivales les plus prisées et la Tunisie est en train de renouer avec la popularité en redevenant un point névralgique pour les touristes britanniques.
Le classement des destinations privilégiées des britanniques selon Thomas Cook est ainsi :
Espagne (continentale, Baléares et Canaries)
Turquie
Grèce
États-Unis
Chypre
De manière plus globale, les incertitudes autour du Brexit font partie des principales menaces qui pourraient ralentir le tourisme en 2019, selon l’Organisation Mondial du tourisme.
Des solutions pour maintenir les flux touristiques avec l’UE
Il convient néanmoins de relativiser ces faits. Premièrement la libre circulation des touristes entre le Royaume-Uni et la zone européenne devrait être maintenue afin de garder de bonnes conditions d’échanges, propices au tourisme régional.
En effet les Britanniques n’auront pas besoin de visa pour voyager en Europe, à savoir dans l’Europe des 28 et l’espace Schengen (Islande, Liechtenstein, Norvège et Suisse inclus) et dans le cadre de courts séjours, et ce même en cas de « no-deal ». Un compromis a été conclu entre le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne, à condition que le gouvernement britannique fasse de même de son côté pour les voyageurs européens.
Également, comme il a été vu avec le top-5 des destinations favorites des britanniques selon Thomas Cook, deux d’entre elles sont en Europe, l’île de Chypre et l’Espagne, cette dernière étant même classée à la première place du palmarès.
L’Europe demeure en effet le principal foyer récepteur des voyageurs en provenance du Royaume-Uni, à hauteur de 80% des séjours réalisés à l’extérieur du pays. Tout d’abord l’Espagne est le premier pays récepteur de touristes britanniques. L’état ibérique en a accueilli pas moins de 15,9 millions en 2017. Juste derrière, la France en a reçu 8,9 millions ; l’Italie 4,2 millions ; et la République d’Irlande 3,4 millions (source : Office for National Statistics, International Passenger Survey, via Travel Trends, 2018).
De son côté l’Amérique du Nord, destination long-courrier phare des ressortissants britanniques, ne représenterait que 5% des séjours, et les autres pays, tel que la Turquie ou la Tunisie comme évoquées plus haut, n’incorporent que 15% du total.
Par conséquent, même si le nombre de séjours britanniques sur le territoire européen est en très léger déclin en 2018 (-1,43%), le vieux monde continue d’être le principal réceptacle de la clientèle britannique, tendance qui sera difficile à inverser dans les premières années suivant le Brexit.
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