Vacances au ski

les pays européens s’opposent sur l’ouverture des stations de ski pour les fêtes

Par Roger Viret , le janvier 27, 2021 - 4 minutes de lecture

A la gare de la station de ski de Grindelwald (Suisse), le 23 novembre.

Après le « sauvetage de la zone euro », la « guerre de l’or blanc » ? Le débat autour de l’ouverture des stations de sports d’hiver est en train de se transformer en une de ces batailles dont l’Europe a le secret depuis que le premier ministre italien, Giuseppe Conte, a suggéré, lundi 23 novembre, de fermer toutes les stations de ski des Alpes jusqu’au 10 janvier. « Nous ne pouvons pas nous permettre des vacances de Nöel » à la neige, a-t-il plaidé, alors que son pays compte plus de 50 000 morts du Covid-19, en demandant la réciproque à ses voisins.

« Si nous annonçons la fermeture de nos installations de sports d’hiver et les Autrichiens non, nos skieurs vont aller en dehors de nos frontières, apporter de l’argent aux Autrichiens et revenir avec le virus », a-t-il développé. Alors que les Alpes attirent 43 % des skieurs de la planète et génèrent, à ce titre, 28 milliards d’euros par an, la crainte de voir filer les touristes – et le pactole – chez le voisin grimpe en flèche.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Covid-19 : skier à Noël ? Dans les stations, « on est lucides »

A Berlin, l’idée italienne a rencontré un certain écho, d’autant que le gouvernement a déjà annoncé le maintien des restrictions jusqu’aux fêtes, faute d’une décrue significative des contaminations en novembre. Les autorités craignent la répétition du scénario de l’hiver dernier lorsque des milliers d’Allemands se sont contaminés dans les stations autrichiennes.

« Nous allons essayer d’obtenir un vote en Europe sur la possibilité de fermer toutes les stations de ski », a ainsi assuré la chancelière allemande, Angela Merkel, jeudi 26 novembre, devant le Bundestag – l’Allemagne assure jusqu’à la fin de l’année la présidence tournante de l’Union européenne (UE). « Malheureusement, il ne semble pas que ce soit si facile pour nous de le faire, lorsque vous entendez les annonces autrichiennes », a-t-elle précisé, sans grande illusion.

Skieurs serrés aux guichets des remontées mécaniques

En Autriche, où les sports d’hiver sont à la fois une passion nationale et une manne économique considérable, l’idée d’une fermeture européenne a en effet été froidement accueillie. Le quotidien de centre gauche autrichien Der Standard a ainsi titré, avec ironie : « Attaque contre la nation du ski », tandis que la presse tabloïd évoque déjà une « bataille du ski » contre l’Italie ou l’Allemagne.

Le secteur du ski veut ouvrir dès Noël, au moins pour les clients nationaux, avec des règles sanitaires renforcées ; et le ministre autrichien des finances, Gernot Blümel, a déjà demandé des compensations là où ce ne serait pas possible. « Si l’UE ordonne réellement aux stations de ski de fermer, cela coûtera jusqu’à 2 milliards d’euros », a-t-il précisé. La proposition italienne est « difficile à digérer », a notamment estimé Franz Hörl, le président du lobby des stations de ski autrichiennes et député conservateur. En retour, le gouvernement italien a fait savoir qu’en cas d’ouverture des stations de ski autrichiennes il n’exclurait pas de fermer la frontière entre les deux pays au col du Brenner, au moins pour la durée des fêtes de fin d’année.

Il vous reste 56.34% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.


Roger Viret